Premier travail consistant à créer un ensemble de sonorités exploitant des techniques de jeux variées: sons bruités (jeu sur le chevalet), grinçants (jeux sur les tendeurs ou le sillet), privé de fondamental (jeu ponticello), avec le bois de l’archet... Puis composition...
Le résultat m’évoque une sorte de cosmogonie : une certaine harmonie émerge lentement du chaos originel. Des « accidents » surviennent. Enfin cette harmonie évolue irrémédiablement vers le désordre et l’anéantissement.
On coule dans du béton violes et violons placés sur des matelas sans draps à même le sol. L'orchestre est contrait de ne pas bouger. C'est grave. L'accord seul prend 11 minutes, voire plus. On sent une tension dans le public et les sièges commencent à faire des couics et des cracs sous le poids du son. Le volume augmente comme si des termites mangeaient une montagne de pins. Elles copulent et entrent dans les violons. Les chevilles pour tendre les cordes commencent à se relâcher tandis que les joueurs continuent à accorder leur bourdon. En même temps que les cordes se relâchent, l'attaque se met à tortiller fâcheusement. Ils continuent à jouer sous la direction du chef d'orchestre. Cela commence maintenant à sonner comme Times Square, New-York un vendredi soir. Les gens se bousculent pour échapper au bruit. C'est seulement le premier morceau d'Objets Sonores. Le second est fait avec un piano. A découvrir les yeux fermés.
De Black Sifichi, pour Ototoïmusic
1: Jaillissements - 2: Turbulences - 3: Engloutissement - 4: Cataclysme
L’écoute de certaines œuvres de musique sérielle, telle « Sur incises » de P. Boulez m’a donné l’idée de composer non pas à base de notes mais de « flux de notes » dont la mélodie serait totalement aléatoire.
Il y a donc un premier travail consistant à créer/répertorier de nombreux types de « flux » aux caractéristiques diverses en terme d’ambitus, d’intensité et de tempo : nul – faible – fort – variable – constant – explosif, équiréparti, ... Puis une « composition » utilisant ce nouveau matériau sonore.
(1) Ambitus = écart entre la plus basse et la plus haute note d'une mélodie.
Le double archet permet d’associer/opposer dans un même jeu filé des sonorités conventionnelles et des sonorités plus grinçantes obtenues par le jeu sur les tendeurs.
Je pense à Giacinto Scelsi qui passait des heures à jouer la même note de piano pour se plonger dans son écoute... Partir d’une simple note de piano (en fait un accord Do-1/Do0) et détruire insidieusement ce subtil équilibre grâce au synthétiseur : modification des enveloppes, des contenus harmoniques, jusqu’aux plus extravagantes combinaisons sonores... Telle était l’idée...
Courte pièce electro-acoustique utilisant un vieux piano, fabriqué à Londres en 1848.